- cagoule
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• 1552; cogole v. 1175; lat. ecclés. cuculla, de cucullus « capuchon »1 ♦ Manteau sans manches, muni d'un capuchon percé d'ouvertures à la place des yeux et de la bouche, que portaient les moines. ⇒ froc. « Un moine en cagoule rabattue » (Flaubert).2 ♦ Capuchon pointu, fermé, percé à l'endroit des yeux. Cagoule de pénitent. Cagoules du Ku Klux Klan. Braqueurs en cagoules. ⇒ encagoulé.3 ♦ Passe-montagne, porté surtout par les enfants.4 ♦ La Cagoule, nom donné au Comité secret d'action révolutionnaire, groupe d'extrême droite actif en France entre 1935 et 1940.cagoulen. f.d1./d Vêtement de moine à capuchon et sans manches.d2./d Capuchon fermé, percé à la hauteur des yeux.d3./d Passe-montagne.⇒CAGOULE, subst. fém.A.— Vieilli. Vêtement de religieux, d'une seule pièce, ample et sans manches, dont le capuchon couvre parfois entièrement la tête en laissant apparaître les yeux, éventuellement la bouche ou le nez :• 1. ... on en remarquait quatre [des vieilles femmes] qu'à leur cagoule grise, sorte de soutane, on devinait attachées à quelque confrérie dévote.HUGO, Notre-Dame de Paris, 1832, p. 166.— P. méton. Personne portant une cagoule :• 2. Ce mort qu'ils avaient vu passer à la course, emporté par les cagoules, il était tranquille, quelque part dans un petit cimetière fleuri...A. FRANCE, Le Lys rouge, 1894, p. 231.B.— Usuel1. Capuchon enveloppant complètement la tête, généralement percé d'ouvertures laissant apparaître les yeux, éventuellement la bouche ou le nez. Cagoule de pénitent; bandit en cagoule :• 3. On compléta mon costume par l'apport d'une cagoule en toile bleue destinée à cacher le visage des prisonniers dans leurs passages par les corridors pour les promenades dans les préaux...VERLAINE, Mes prisons, 1893, p. 395.— P. métaph. :• 4. Certaines figures sous la cagoule de leurs cheveux blancs avaient déjà la rigidité, les paupières scellées de ceux qui vont mourir, et leurs lèvres, agitées d'un tremblement perpétuel, semblaient marmonner la prière des agonisants.PROUST, Le Temps retrouvé, 1922, p. 938.— P. anal., rare. Ornement de parade, couvrant la tête d'un cheval, percé à l'endroit des yeux. Les six chevaux noirs battaient de l'œil sous leurs cagoules (DRUON, Les Grandes familles, t. 1, 1948, p. 105).— Arg. des casernes, vx. Masque à gaz utilisé pendant la première guerre mondiale :• 5. ... Bouffioux ne voulait plus quitter son masque, (...). Pendant une heure on l'avait entendu bredouiller : « Ça sent la pomme... Ça sent la moutarde... Ça sent l'ail... » Et chaque fois, il remettait peureusement sa cagoule.DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 282.2. P. ext. Passe-montagne, porté surtout par les enfants (Pt ROB. et Lar. Lang. fr.).Prononc. et Orth. :[kagul]. Ds Ac. 1878-1932. Étymol. et Hist. Ca 1175 cogole « vêtement de moine » ([B. DE STE MAURE], Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 13539); 1552 cagoulle (RABELAIS, Quart Livre, chap. XI). Du lat. chrét. cuculla « vêtement de moine » (v. aussi cucul(l)e) qui est la forme fém. correspondant au masc. cucullus « voile, capuchon couvrant la tête » (Columelle ds TLL s.v., 1280, 70); en tant que terme d'Église et parce qu'originaire de la zone sud-ouest de la langue d'oïl (cf. a. prov. cogola), a conservé, sous la forme -g-, le -c- intervocalique; passage de o initial à a par dissimilation. Fréq. abs. littér. :36.DÉR. Cagoulard, subst. masc. Membre de la Cagoule (appellation cour. du Comité secret d'action révolutionnaire — C.S.A.R. —, organisation française d'extrême droite [1932-1940] dont les membres portaient une cagoule à l'occasion de certaines manifestations). ... la plupart avançaient que j'étais candidat à la dictature; que mon entourage, noyauté de fascistes et de cagoulards, me poussait à instituer en France, lors de la libération, un pouvoir personnel absolu (DE GAULLE, Mémoires de guerre, 1956, p. 86). — [
], fém. [-
]. — 1re attest. 1937 (Fac-similés de journaux et photographies de l'époque ds Ph. BOURDREL, La Cagoule, Paris, 1970, p. 192); de cagoule (la Cagoule), suff. -ard. — Fréq. abs. littér. : 2.
BBG. — SAIN. Sources t. 1 1972 [1925], p. 109, 199; t. 2 1972 [1925], p. 95.cagoule [kagul] n. f.ÉTYM. 1552, cagoulle, Rabelais; v. 1175, cagole « vêtement de moine »; lat. ecclés. cuculla, de cucullus « capuchon ». P. Guiraud évoque le préf. ca- « creux », coule étant la forme franç. pour cuculla.❖1 Froc sans manche, muni d'un capuchon percé d'ouvertures à la place des yeux et de la bouche, et que portaient les moines (→ Baisser, cit. 3).1 À quoi répondit Gargantua : « Il n'y a rien de si vrai que le froc et la cagoule tirent à soi les opprobres, injures et malédictions du monde, tout ainsi comme (que) le vent, dit Cecias, attire les nues ».Rabelais, Gargantua, XL.2 Un moine en cagoule rabattue suivit le cortège, loin de tous les autres, sans que personne osât lui parler.Flaubert, Trois contes, « la Légende de saint Julien l'Hospitalier », II.3 (…) le voile épais (…) qu'elle fit retomber jusqu'au bas du visage afin de le dissimuler comme sous une cagoule.Loti, les Désenchantées, II, p. 18-19.♦ Capuchon pointu, fermé, percé à l'endroit des yeux.4 Les pénitents s'avancent sur deux files, en longues robes et en cagoules qui les masquent (…) Ces « frères de lumière » portent d'une main un gros cierge, la flamme vers le sol (…) De l'autre main ils retiennent par-devant le capuchon, pour que ses œillères restent bien à la hauteur des yeux (…)Montherlant, les Bestiaires, p. 155.2 Cour. Sorte de passe-montagne, porté surtout par les enfants. — Capuchon en tissu ignifugé recouvrant entièrement la tête, à l'exception des yeux.3 La cagoule : nom donné au Comité secret d'action révolutionnaire, C. S. A. R., groupe d'extrême droite, actif de 1932 à 1940 (⇒ Cagoulard).5 Il a tout cumulé. La Cagoule, plus tard la Milice… Un gala.F. Giroud, Si je mens, p. 56.♦ Par ext. Groupe apparenté à l'extrême droite; son idéologie.6 Paris, mardi 6 avril 1954.Déjà la fatigue, le dégoût. Manifestation de l'Arc de Triomphe. Relent de cagoule.F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 71.❖DÉR. Cagoulard.
Encyclopédie Universelle. 2012.